Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Football et supporterisme. Analyse de l'actualité et du droit.
6 décembre 2010

Suisse

Ultras et hooligans n’ont rien à voir entre eux. Les premiers sont mus par une passion, les seconds aiment taper. Décodage avec un supporter interdit de stade.

Attention, confusion dangereuse! Trop souvent assimilés à des hooligans, les ultras se défendent d’en être. D’ailleurs, au sens propre, le terme ultra (le nom ou l’adjectif) signifie «extrémiste». La définition du vocable hooligan est par contre la suivante: «voyou qui se livre au vandalisme et use de violence».

Rudolf*, le cobaye du «Matin» qui a démontré comment un interdit de stade et/ou de patinoire pouvait entrer sans encombre dans l’une et l’autre de ces enceintes sportives (lire le reportage dans «Le Matin Dimanche» d’hier), est donc un ultra. Pas un hooligan. Il est en début de trentaine, exerce une profession libérale, mais ce n’est pas un voyou. Il est actuellement suspendu de stade pour deux ans.

Cher payé la torche
«Trop souvent, on confond ultras et hooligans, lance-t-il d’emblée. Mais les deux n’ont rien à voir. Alors qu’un hooligan ne pensera qu’à casser ou à provoquer des bagarres, nous, on défend d’abord nos couleurs, celles de notre club. C’est avant tout la passion de l’équipe qui nous motive et qui dicte nos agissements. D’ailleurs, il n’y a pas de «hools» en Romandie. Il y en a en Suisse alémanique, et il n’est pas rare qu’ils se donnent rendez-vous en forêt pour se foutre sur la g...»

Pourtant, il arrive souvent que des ultras soient pris dans des bagarres. «Evidemment, dès le moment où tu as intégré le groupe, tu es en quelque sorte pris dans un engrenage. Tu n’as pas le choix. Si on s’en prend à tes potes, tu fonces et tu les défends. Alors, bien sûr, ça castagne, et c’est aussi pour cela qu’on se retrouve devant un tribunal. Mais on peut tout aussi bien être frappé de la même suspension pour avoir bêtement allumé une torche dans un stade. Franchement, c’est exagéré. Une torche, on l’allume pour mettre de l’ambiance, comme on fait un tifo. Mais on est taxé de la même manière que si on a participé à une bagarre entre supporters. Et, lorsqu’on passe la douane, on est deux fois plus embêté parce que, justement, on est frappé d’interdiction et qu’on est fiché. C’est cher payé la torche.»

Une vraie famille
Rudolf n’est pas un agneau, loin de là. Mais il obéit à certains instincts grégaires, comme tout membre d’un club ultra. «On est une vraie famille, confirme-t-il. On s’aide, on s’entraide. Si l’un de nous se fait arrêter par les flics, on fera tout pour le sortir de ce mauvais pas. Et on ne se balance pas entre nous. C’est une espèce de code d’honneur.»

De fait, les ultras sont mus par la passion qu’ils vouent à leur équipe. «Certains d’entre nous se saignent toute la semaine pour pouvoir effectuer le déplacement du week-end. Mais on se déplace avant tout pour soutenir notre équipe favorite. On fait la fête, on boit des bières, mais le but du voyage n’est jamais d’aller casser du supporter adverse.»

Ce qui arrive malgré tout régulièrement. «C’est vrai, pour les raisons évoquées plus haut. Parce qu’on est une bande et qu’on s’entraide. La seule chose qu’on ne maîtrise pas, ce sont les bagarres. S’il y en a une qui éclate, alors là, effectivement, on va se soutenir. Pour ma part, jamais je ne serai celui qui ira provoquer les supporters adverses pour provoquer une bagarre. Par contre, je foncerai dans le tas sans réfléchir si un pote est dans la m…»

La conséquence étant justement une interdiction de stade.

* Prénom fictif, nom connu de la rédaction

La bâche, cet obscur objet de fierté
Ce que Rudolf revendique avant tout? «L’amour de mon club et de mon groupe. Je suis fier d’être ce que je suis et des personnes avec lesquelles je partage tous ces moments. On se déplace pour un match, on boit des coups, mais le plus beau, c’est quand l’équipe que tu as encouragée gagne, et que ses joueurs viennent te remercier. Cela montre que nous sommes de vrais supporters, comme le fait que, jamais, on ne sifflera notre équipe favorite.»

Et puis il y a la banderole, cet obscur objet de fierté pour tout ultra qui se respecte: «Notre mentalité veut qu’on la défende et la protège à tout prix. Se la faire piquer, c’est l’insulte suprême. Et, évidemment, réussir à aller faucher la bâche des ultras adverses devient la récompense ultime.» Forcément, ce petit jeu comporte des risques. «Tu les connais et tu les assumes.»

Source : http://www.lematin.ch/sports/football/ultra-philosophie-357829

Publicité
Publicité
Commentaires
Football et supporterisme. Analyse de l'actualité et du droit.
Publicité
Archives
Publicité