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Football et supporterisme. Analyse de l'actualité et du droit.
22 août 2011

Butte Paillade 91

"Oui, nous sommes calmés." Cyril Morgavi, le président de l’association Butte Paillade 91 (BP 91), l’assure, le répète et enfonce le clou. Un match au stade de La Mosson, sans leur banderole de 25 m de long à tête de diable et croix occitane, ce n’est plus envisageable.

Surtout l’année de leur 20e anniversaire. Pour le premier match contre Auxerre, lui et ses “ultras” ont pu afficher à nouveau leurs couleurs. Aujourd’hui, contre Rennes, ils dérouleront un nouveau tifo, ces tissus spécialement dessinés pour l’occasion. L’an dernier, Montpellier a été le club le plus sanctionné de toute la Ligue 1 pour les exactions de ses supporters. Devant Paris, Nice et Saint-Etienne. Allumages et jets de fumigènes, explosions de bombes agricoles, échauffourées à Reims (le “kapo” de la BP 91 a écopé de deux ans d’interdiction de stade pour des heurts avec la police) et à Nice entre supporters....

"Nous avons une seconde chance, nous n’allons pas la gâcher" Cyril Morgavi, président de la BP 91 "Nous ne sommes pas fiers de ce classement. Certains agissements sont des faits de nos membres mais il y a aussi les sympathisants que nous ne pouvons pas contrôler, explique Cyril. Les pouvoirs publics auraient pu nous dissoudre. Là, ils nous laissent une seconde chance, alors nous n’allons pas la gâcher." Pour tenter d’endiguer de futurs débordements, la BP 91 a limité sa liste d’adhérents à une centaine de membres triés sur le volet.

Les nouveaux arrivants sont connus depuis quatre à cinq ans et intègrent un groupe où l’âge varie entre 16 et 45 ans. "Nous comptons une trentaine de mineurs dans nos rangs, les anciens les encadrent et les forment, explique le président, fier du tout nouveau trésorier à peine majeur. Nous tenons une grande réunion par mois et le bureau restreint se réunit deux fois par semaine."

Chaque mercredi avant 18 h, Cyril Morgavi doit prévenir le responsable de sécurité du club pour annoncer les animations visuelles prévues. "Les autorités se méfient des tifos. Elles craignent que dessous, à l’abri de la vidéosurveillance, le feu prenne." Sans ce coup de fil et les informations relayées en préfecture, aucune animation ne peut avoir lieu.

 
14 000 euros de factures l'an dernier

 

Si, à La Mosson, les ultras sont sanctionnés pour fumigènes et bombes agricoles (500 euros pour chaque délit à la charge du club !), les faits les plus graves ont toujours lieu lors des déplacements. Pour y remédier, la Butte Paillade 91, qui en organise (c’est l’une des principales sources de revenus avec le merchandising), vient d’adopter des règles strictes.

Les bus doivent avoir fait le plein de carburant avant le départ, l’alcool est interdit à bord et les arrêts sur les trajets autoroutiers n’ont plus lieu que sur les aires de repos. "Nous ne stopperons plus dans les stations services car nous ne pouvons pas surveiller 50, 60 ou 100 personnes, souligne Cyril Morgavi. L’an dernier, ces plaisanteries nous ont coûté 14 000 euros."

Maître Grappin : "On peut installer une ambiance explosive sans engins pyrotechniques"

 

"Je me tue à répéter depuis des années aux clubs de supporters que l’on peut installer une ambiance explosive sans engins pyrotechniques ou autres bombes agricoles", insiste Pierre-Marie Grappin, légendaire avocat du MHSC. D’autant que chaque fumigène ou tir de mortier coûte 500 € de pénalité immédiate au club.

"Sans compter les 30 000 € de dépenses obligatoires et nécessaires pour payer tous les services assurant la sécurité pour un match", souligne l’avocat. Avant de poursuivre : "Je suis également tétanisé quand je vois ces jeunes grimper au mât ou sur les grillages derrière les buts. Je frémis. Dans tous les stades de France, on a enregistré des chutes gravissimes avec pour conséquences des paraplégies, des doigts arrachés. La fête, ce n’est pas çà !"

Alors pour tenter de sensibiliser les associations de fans, cinq à Montpellier (chronologiquement le Club central, Butte Paillade 91, Armata Ultra, Les Wolfs et le tout récent Camargua Unitat), Pierre-Marie Grappin a organisé une réunion avant la reprise du championnat 2011-2012.

Un rappel des textes législatifs, une sensibilisation au comportement même à l’extérieur du stade, un point sur l’image du club liée à celle de ses supporters. Nouveauté également, les détecteurs de métaux ont fait leur apparition aux entrées du stade. Prévention, prévention... "Il y a encore plus de trente personnes interdites de stade, soit administrativement soit juridiquement. C’est trop", conclut Me Grappin.

CHRISTOPHE GAYRAUD

midilibre.fr

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