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Football et supporterisme. Analyse de l'actualité et du droit.
8 août 2013

Montpellier : il perd un oeil pendant un match, la police est blanchie par l'IGPN

Florent Castineira, dit Casti, a perdu un œil lors d'affrontements entre supporter en marge de la rencontre de football à La Mosson entre Montpellier et Saint-Etienne le 21 septembre 2012. L'enquête en cours dédouanerait la police en invoquant la légitime défense. L'avocat de Casti hurle à l'injustice et contre-attaque. 

Saura-t-on un jour dans quelles circonstances Florent Castineira, dit Casti, a perdu un œil lors d’affrontements entre supporters et forces de l’ordre, le 21 septembre 2012, à proximité de La Mosson, lors du match Montpellier - Saint-Étienne ? Rien de moins sûr. Dix mois après cet incident qui a fédéré les ultras (Le 13 octobre 2012, 1 200 ultras d’un peu partout en France avaient défilé à Montpellier, en soutien à Casti), les questions restent nombreuses. Une information judiciaire est en cours pour violence avec arme mais le dossier vient de s’enrichir d’un élément important : le rapport de l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale), dont nous nous sommes procuré le procès-verbal de synthèse.

"Les conditions de la légitime défense semblent réunies"

La police des polices conclut ainsi, avec précaution : "Les conditions de la légitime défense semblent réunies. Il semblerait que les fonctionnaires de police se soient retrouvés dans une situation où leur intégrité physique ait été menacée et que l’emploi du flash-ballTM et de la grenade de désencerclement ait été justifié compte tenu de leur prise à partie par les supporters et de leur nombre évalué à une cinquantaine face à huit policiers."

Casti était tranquillement assis

Ce soir-là, un équipage de la Bac (brigade anticriminalité) avait pisté un supporter porteur d’un fumigène jusqu’à se retrouver au niveau des buvettes, au milieu des ultras qui se “chauffaient” pour la rencontre. Des affrontements ont eu lieu et chaque camp, entendu par l’IGPN, se renvoie la responsabilité des heurts. Les fans affirment que les policiers ont matraqué tous ceux qui se trouvaient sur leur passage et qu’ils n’ont répondu qu’après la blessure de Casti. A contrario, les agents racontent qu’ils ont poursuivi le détenteur du fumigène jusqu’au milieu des ultras, qui ont pris fait et cause pour leur collègue, les obligeant à se défendre en tirant une balle de flash-ballTM et une grenade de désencerclement. Florent Castineira, lui, dommage collatéral, était tranquillement assis lorsqu’il a été atteint à l’œil.

Les “bœufs-carottes”, dans leur rapport, expliquent qu’ils n’ont pas pu exploiter la fameuse bande de vidéosurveillance, élément primordial pour la défense qui, du coup, hurle au scandale...

FLASH-BALL OU PAS FLASH-BALL ?

 

L’enquête n’a toujours pas permis de confirmer si c’est un projectile en caoutchouc de flash-ball qui a blessé le supporter. Casti a expliqué à l’IGPN avoir entendu deux détonations successives (flash-ball puis grenade de désencerclement), avant de perdre connaissance.
Mais pour la police des polices, "les investigations n’ont pas permis de déterminer ce qui a été à l’origine de la blessure : le tir de flash-ball, la grenade de désencerclement ou une autre explosion telle qu’un engin agricole côté supporters". Les ultras, eux, sont certains qu’il s’agit du tir de flash-ball.

Le syndicat Unité-SGP-Police penche pour un gros pétard des ultras : "L’hypothèse d’un engin agricole qui explose au sol est la plus plausible. L’impact d’une balle en caoutchouc aurait été clairement circonscrit et là, il y a tout autour de l’œil des blessures formant des brûlures", indique Bruno Bartocetti. 

Le juge a demandé une nouvelle expertise.

 

"L'ENQUÊTE N'A PAS ÉTÉ SÉRIEUSE !"

 

« C’est infect. » Me Corbier, l’avocat de Casti, est remonté. Sur quatre points principaux.

Un : il révèle que l’IGPN n’a pas pu exploiter la vidéosurveillance de la Ville qui étayerait sa thèse, selon laquelle les supporters s’en sont pris aux policiers après la blessure de Casti. « Pour l’IGPN, l’enregistrement est inexploitable pour une analyse chronologique des faits. Ils ne peuvent pas ralentir le défilement des images », regrette-t-il.

Deux : il doute, du coup, de l’impartialité de la police des polices. "Cette enquête n’a pas été sérieuse. L’IGPN pose des questions aux supporters par rapport à cette vidéo en leur disant que les policiers ont été pris à partie. Mais soit on voit, soit on ne voit pas. Et si on ne voit pas, on ne peut pas poser des questions sur des images qu’on n’est pas censé voir ! J’ai demandé à visionner cette vidéo au juge,
il a dit oui, je ne l’ai jamais vue !"

Trois : il estime, d’après les auditions des agents, que d’autres coups de flash-ball ont pu être tirés. Il a saisi le juge d’un complément d’enquête.

Quatre : il conteste l’expertise médico-légale visant à déterminer l’infirmité permanente de son client. "Le médecin parle de prothèse définitive alors que mon client a une prothèse provisoire ! J’ai sollicité une contre-expertise, le juge refuse ! On a quand même affaire à un gamin qui n’a rien demandé à personne, qui prend une balle de flash-ball et perd un œil. Tout ce qu’on réclame est rejeté, je pense que le juge envisage de couvrir les policiers".

YANICK PHILIPPONNAT

Source:midilibre.fr

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