"C'EST LA GUERRE DES BOUTONS"
Le contentieux entre hooligans des deux clubs remonte au 24 novembre 1992, à l'occasion d'un huitième de finale aller (0-0) de Coupe UEFA au Parc des Princes. A l'époque, les affrontements avaient fait de nombreux blessés. Le club francilien s'était qualifié (1-1) pour les quarts de finale à l'issue du match retour.
"Cette rencontre a été classée à très hauts risques par l'UEFA, les autorités françaises et belges. Elles voulaient éviter la vente de billets aux individus potentiellement dangereux, explique-t-on au club parisien. Nous, on coopère."
"En marge des déplacements en Grèce et au Portugal, le match contre Anderlecht représentait un point culminant. La police belge a procédé à des interpellations de supporteurs armés. C'est la guerre des boutons. En 1992, les hooligans d'Anderlecht ont pris une raclée au Parc. Ce match est donc la revanche pour les Belges. Le classement des hooligans sur la scène internationale compte en marge des matchs. Le but des groupes violents est de ne pas disparaître de la carte européenne. Mercredi, on craint des débordements et un jeu du chat et de la souris avec la police belge."
Cinq mois après les incidents du Trocadéro qui avaient gâché la célébration de son titre de champion de France, le PSG se retrouve de nouveau confronté aux franges de ses supporteurs les plus protestataires. A l'époque, la direction du club parisien avait incriminé les "ultras", ces anciens abonnés des virages Auteuil et Boulogne s'opposant au plan Leproux de 2010 qui avait aboli les kops et modifié la cartographie du Parc des Princes.
"LES VILAINS PETITS CANARDS"
Lundi, ces supporteurs "historiques" ont fait savoir par un communiqué que certains d'entre eux se rendraient à Bruxelles afin de protester pacifiquement contre la politique menée par la direction du PSG. Près de 200 "anciens" de la tribune Boulogne devraient aussi faire le déplacement, mais plutôt pour en découdre avec leurs rivaux d'Anderlecht.
"Comme d'hab, le PSG refuse de vendre des billets à une certaine frange de supporteurs, confie Jérémy Laroche, président de la défunte association Liberté pour les abonnés. Le club choisit son public et organise un déplacement officiel avec des supporteurs qu'ils aiment bien. Les autres sont les vilains petits canards qui refusent le plan mis en place il y a trois ans. Si incident il y a à Bruxelles, il y aura la même com' du club qu'après les émeutes du Trocadéro. On dira que c'est la faute des ultras. On refera les mêmes amalgames."
Pour le sociologue et spécialiste du hooliganisme Nicolas Hourcade, "trois familles de supporteurs parisiens" se rendront à Bruxelles :
"Il y aura les 150 officiels, les hooligans constitués notamment d'ex-supporteurs du virage Boulogne et les Ultras qui contestent la politique des dirigeants du club. C'est doublement compliqué d'établir la nuance parmi les supporteurs qui vont se rendre à Bruxelles en marge du déplacement officiel : les ultras vont se retrouver aux prises avec la police belge et risquent d' être considérés comme des hooligans.
Ultras et hooligans sont deux populations différentes mais il y a une porosité entre elles. Parmi ceux qui seront à Bruxelles, il y aura des gens qui étaient au Trocadéro et d'autres qui n'y étaient pas. En refusant les ultras par peur du dérapage et des critiques, les dirigeants du PSG ont fait tomber dans la violence certains ultras qui n'étaient pas violents au départ. Une autre gestion du club aurait permis d'éviter les incidents du Trocadéro."
Selon Nicolas Hourcade, l'hypothèse d'un "second round", lors du match retour à Paris le 5 novembre, dépendra très clairement du scénario du match aller. "En 1992, les affrontements entre hooligans d'Anderlecht et du PSG avaient eu lieu avant, après le match et aux abords du Parc, fait remarquer le sociologue. Vingt ans plus tard, du fait de l'action des pouvoirs publics, la violence s'est déplacée. On assiste à des bagarres organisées pour déjouer la surveillance policière. Les hooligans s'adaptent. Il n'y a plus de bagarres autour du stade. Avant le match contre Zagreb l'an dernier, il y avait eu des affrontements à Bastille la veille du match." De quoi justifier le dispositif des forces de l'ordre ce mardi soir à Bruxelles.