As Monaco-OL

L'ambiance, l'enjeu, l'euphorie, la connivence et... le résultat débouchent bien souvent sur des affrontements musclés à la sortie des stades. Comme à l'issue de la rencontre Monaco-Lyon où trois jeunes gens, par « vengeance », s'en sont pris aux policiers de la Principauté. Incarcérés le soir même, ils ont comparu, hier matin, devant le tribunal correctionnel du Rocher pour être jugé en flagrant délit.
Évidemment, on frime moins en arrivant menotté dans le box des accusés. La tête est baissée. Le verbe est à peine perceptible. Le repentir est tardif. Et aucune rétroaction possible... Car les trois accusés risquaient trois ans de prison pour les faits constatés.
Au premier concerné, un Niçois, Romain B, 27 ans, le président Marcel Tastevin a reproché « d'avoir percuté un extincteur pour le vider sur des agents. Un policier témoigne qu'il vous a vu, vers 23 h, dégrader les panneaux et les barrières, au point de susciter des visions de guérilla urbaine... »

«Scènes invraisemblables »

Le prévenu a réfuté l'accusation. « Je ne suis pas l'auteur des faits dont on m'accuse ! Ce n'est pas moi sur la vidéo. On peut seulement me reprocher d'avoir montrer mon mécontentement aux joueurs de Monaco... »
«Alors vous vous trouviez au mauvais endroit ? Pourtant, vous avez déjà eu des problèmes de violences aggravées avec d'autres fonctionnaires de police, à Auxerre et à Nice... »
Le procureur Cyrielle Colle a évoqué à son tour des « scènes invraisemblables. On ne voit pas cela à Monaco. Vous niez parce que vous n'assumez pas ce que vous avez fait : cette volonté de blesser les policiers est caractérisée. D'autant que vous avez été interpellé plus
loin, en train de vous enfuir. »
Avec deux condamnations au compteur, le procureur a demandé au tribunal de ne plus faire preuve de clémence : deux mois d'emprisonnement et 200 e d'amende.
La défense, pour sa part, a estimé que « tout confond le prévenu. Mais on peut envisager des doutes, car la qualité de la vidéo ne permet pas de l'identifier formellement. Et fuir quand il y a bagarre générale, c'est logique : tout le monde essaye de sauver sa peau. Deux mois de prison c'est cher payé. Je préférerais que l'on interdise plutôt mon client de stade. Lundi prochain, Romain reprendra son travail de fonctionnaire au C.N.R.S.. C'est sa carrière que vous risquez de stopper ! »
Le deuxième supporter, un Lyonnais de 18 ans, Anthony M., n'avait pas mangé, mais assez bu pour être chaud-bouillant pour le match.
« Ce n'est pas une raison, a souligné le président, pour casser la tête à coups de poing à une personne qui vous a répondu qu'elle était de Nice. Mais où va-t-on ? Il n'y a eu aucune provocation et en guise de réponse vous lui infligez de multiples fractures au visage... »
Le procureur a rappelé que l'on ne voulait plus de ce genre d'exhibitions à Monaco.
« Vous prenez à partie une personne qui marche tranquillement, vous lui cassez le nez. Sans parler des séquelles. Il faut marquer le coup avec une peine de quinze jours fermes. »
Pour la défense, « qu'il soit condamné, certes, mais qu'il serve d'exemple pour tous les autres qui sont passés au travers des mailles de la police, non ! D'autant qu'il n'y a pas de lien entre son coup-de-poing et la blessure. Mon client mérite une sanction, mais pas la prison... »
Enfin, Sébastien D, 20 ans, supporter monégasque, devant la défaite de son équipe fétiche, a jeté une poubelle pleine sur les forces de l'ordre.
« J'ai pété un câble, a reconnu l'accusé, penaud. Je me suis énervé, C'était désagréable de voir Monaco relégué en L2... »

Prison ferme et avec sursis

« Jeter une poubelle ne va rien changer, lui a rétorqué le président, tous vos gestes ont été filmés. Et vous vous êtes déjà fait remarquer dans les stades... »
Heureusement, poursuit le procureur, un policier est parvenu à stopper la poubelle. Avec un tel poids, l'objet aurait fait des victimes. Et de gros dégâts Il faut, aussi, sanctionner ce désordre : quinze jours d'emprisonnement et 200 e pour les dégâts causés. »
Côté défense, on répète que Sébastien n'a pas réfléchi à la gravité, à l'impact de son geste.
« Aucune blessure n'est constatée. Il avait uniquement l'intention de foutre le bordel. Et attention, demain il doit présenter le concours de gendarme. À quoi va servir une peine de quinze jours ? A lui gâcher son avenir. Je demande l'indulgence du tribunal. »
À l'heure du jugement, Romain et Anthony ont pris respectivement un mois et quinze jours de prison ferme. Pour Sébastien, la peine prononcée a été d'un mois de prison avec sursis, mais le président a souligné que le parquet pouvait faire appel de cette décision.

Source:Nice Matin